Arbre têtard ou arbre creux ?
Vous faites bien d'hésiter car il y a des nuances...
Un arbre têtard peut également être un arbre creux,
tandis qu'un arbre creux n'est pas forcément un arbre têtard !
Qu'est-ce qu'un arbre têtard ?
Le mot têtard vient de la forme caractéristique de ces arbres à "grosse tête", plus ou moins large et évasée. Celle-ci est provoquée par la coupe régulière des ses branches provoquant la repousse de rejets et le renflement sommital du tronc. Un arbre têtard se distingue ainsi par la formation, au fil des tailles, de ce que l'on appelle une tête, ou couronne. Le têtard peut donc être assimilé à un taillis surélevé, porté par le tronc.

Comment naît un têtard ?
Un arbre ne devient pas naturellement têtard : c'est la main de l'Homme qui le façonne. Sa forme est le résultat du développement de nombreux bourrelets de cicatrisation lié à son recépage périodique (tous les cinq ans environ). L'arbre est tout d'abord étêté à la hauteur désirée, provoquant l'apparition de rejets lors de la saison suivante. Les branches issues des repousses sont ensuite successivement sectionnées aux mêmes points de coupe.

Où peut-on les trouver ?
Lorsque l'on dit têtards, on pense immédiatement aux saules car ce sont les plus courants. Mais cette taille est praticable sur de nombreuses espèces d'arbres (aulnes, charmes, châtaigniers, chênes, érables, frênes, peupliers, tilleuls...). Les têtards ne sont donc pas uniquement dans les zones humides, en bordure de fossés ou de cours d'eau. Ils peuvent être présents partout, et sont fréquents dans les haies, les allées et les lisières de forêts...
Qu'est-ce qu'un arbre creux ?
Un arbre creux est caractérisé par la présence de cavités de taille plus ou moins importante. Le plus souvent, il s'agit d'un vieil arbre, mais tous peuvent être concernés, vivants ou morts. Ces cavités peuvent se trouver à tout niveau de l'arbre : dans son tronc, aussi bien à la base qu'à son sommet ou dans ses branches. Elles se forment naturellement chez de nombreuses espèces mais peuvent avoir d'autres origines, comme des parasites, certains animaux ou suite à une taille de l'arbre.

Comment se forment ces cavités ?
Ces cavités se forment à la suite de blessures liées à un événement naturel (chute de branche, mauvaises conditions climatiques), ou anthropique (taille). Ces blessures sont alors propices à l'installation des xylophages* (bactéries, champignons, et insectes), qui se nourrissent du bois et participent à la formation des cavités. Par la suite, des animaux cavernicoles, comme les pics et les écureuils, les agrandissent pour y nicher, s'y nourrir ou s'y abriter.

Où peut-on les trouver ?
Naturellement, chaque arbre peut subir une blessure qui se transformera potentiellement en excavation. Il n'y a donc pas d'endroit privilégié où les chercher puisque chaque arbre peut devenir creux au cours de sa vie. Il faut donc ouvrir l'œil partout, dans la forêt comme dans son jardin, et ne pas hésiter à repasser quelques mois plus tard quand vous observez un arbre blessé.
Faune et flore
Soyez attentifs !
Les arbres têtards et creux abritent souvent une faune et une flore diversifiée.
En vous y attardant un peu, vous aurez peut-être
la chance d'y apercevoir...
Un habitat pour la faune ?
Un arbre têtard, émet son propre microclimat par transpiration, il alimente aussi son propre sol : l'humus, le terreau. La vie foisonne sur sa surface sous la forme de décomposeurs, prédateurs, nidificateurs... Il va même jusqu'à accueillir tous ces habitants en son sein, lorsque celui-ci devient creux.
En résumé, l'arbre têtard et/ou creux est un havre de biodiversité : arthropodes, insectes, oiseaux, mammifères, amphibiens, reptiles...
Les oiseaux
Quel oiseau refuserait la tiédeur d'un terreau en décomposition, sans parler des insectes à portée de bec ?
Certains oiseaux ont même fait des cavités d'arbre leur habitat de prédilection, c'est le cas de la Chouette chevêche.

La microfaune
La microfaune est peut-être l'une des plus grandes richesses de l'arbre têtard/creux d'âge avancé.
On appelle communauté des saproxyliques l'ensemble des acteurs de la décomposition et de l'utilisation du bois mort. Ce groupe comprend : des arachnides, des myriapodes et bien sûr, des insectes...
Les mammifères
Deux types de mammifères utilisent l'arbre têtard/creux :
- dans les parties hautes, les voltigeurs : Chauve-souris, Écureuils, Lérots...
- les petits mammifères, vivant autour des racines et de la litière. C'est le cas de Mulots, Musaraignes...
Les amphibiens
Les amphibiens aussi, fréquentent les têtards. L'arbre peut leur servir de zone d'hivernage, de reposoir ou, de lieu de chant surélevé.
Il est possible de voir une Rainette chanter dans un saule têtard au bord d'une mare ou de croiser un crapaud dans le creux d'une racine, profitant de la tiédeur.

Les reptiles
Bien que non inféodé, certains reptiles peuvent trouver refuge dans les arbres, ou surtout leur repas.
C'est le cas, par exemple, des Couleuvres fréquentant les cavités des grosses racines et les mammifères de ces zones.

Un habitat pour la flore ?
La couronne d'un têtard freine l'écoulement de l'eau et favorise de ce fait la décomposition du bois ou des feuilles mortes qui peuvent avec les fientes d'oiseaux, s'y accumuler. C'est ainsi que de l'humus et du terreau peuvent se former, propices à la colonisation de la tête par une flore épiphyte.
Plus de 150 espèces végétales différentes seraient observables sur les têtards : plantes à fleurs, fougères, mousses...

Comment arrivent les plantes ?
Des semences peuvent être véhiculées par le vent ou la faune qui visite la couronne.
D'autres, noyaux, pépins, sont rejetées dans les déjections des animaux qui ont consommé des fruits.
Les herbacées
Ortie, pissenlit, linaire, par exemple, sont des plantes herbacées dépourvues de bois prospérant sur la tête de l'arbre.
Parmi les espèces ligneuses : églantier, sureau, lierre, groseiller, frêne et bien d'autres peuvent s'y installer.
Les lichens et mousses
Plus discrètes, les mousses et les lichens peuvent constituer des tapis sur l'écorce, sans porter tort aux arbres. Certaines espèces sont bio-indicatrices de la qualité de l'air. Les têtards constituent pour eux un habitat privilégié dans les zones humides où ils prédominent.
Les fougères
Parmi les épiphytes, de superbes fougères, plantes sans fleurs, peuvent prospérer au niveau de la couronne, des crevasses ou des cavités. Le repérage des fougères épiphytes permettra de préciser la distribution géographique de deux espèces de polypode régional : Polypodium vulgare et Polypodium interjectum.